En 2017 et 2018, Cristian Barna alors étudiant en master « Développement des territoires ruraux » au centre Universitaire de Foix a réalisé une étude portant sur le portrait des randonneurs itinérants de la haute montagne pyrénéenne. Actuellement enseignant-chercheur à l’Université d’Angers – UFR ESTHUA, il vient de mettre en ligne et en open source son mémoire.

Comprendre, préparer et rencontrer

En phase préparatoire, Cristian Barna a rencontré plus de 25 professionnels de la montagne, membres d’associations, représentants d’institutions afin de s’imprégner au mieux de cet univers si particulier qu’est l’itinérance montagnarde. Suite à ces rencontres et fort d’un questionnaire bien préparé et ciblé, Christian s’est immergé dans le milieu de l’itinérance pyrénéenne dans le but de rencontrer ces fameux « forçats » de la montagne.

Qui sont-ils ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Que recherchent-ils ? Combien de temps passent-ils en montagne ? etc… Ce sont autant de questions que Christian a synthétisées dans un questionnaire complet qu’il a ensuite soumis à 166 randonneurs itinérants rencontrés in situ (en Pyrénées ariégeoises et centrales). Certains d’entre eux suivaient de grands sentiers de grande randonnée tels que le GR10, le GR11 et la HRP.

Grâce a ce travail de fond Christian Barna nous permet de porter un regard neuf sur ces randonneurs itinérants souvent insaisissables, difficilement comptabilisables et pour lesquels certaines idées préconçues sont bien ancrées.

Avertissement ! Cette étude ne porte pas sur les « randonneurs à la journée » elle ne concerne que les randonneurs itinérants de plus de 3 jours.

Un équilibre entre hommes et femmes

Il y a presque autant de randonneurs 52% que de randonneuses 48%.

La marche itinérante en milieu montagnard n’est heureusement pas une activité réservée spécifiquement à l’un ou au l’autre des deux sexes. Les femmes sont presque aussi nombreuses que les hommes. Porter un lourd sac à dos et marcher longtemps avec ne leur fait heureusement pas peur.

Une majorité de jeunes de moins de 30 ans

La répartition de la population des randonneurs par tranche d’âge est une grande surprise. Elle balaye une idée totalement préconçue qui voudrait que la montagne et la marche en montagne soient des activités de « vieux » !
Le constat est tout autre :

• 18,2% des itinérants ont plus de 50 ans,
• 39,4% ont entre 30 et 50 ans,
• 42,4% ont moins de 30 ans.

Cette fausse impression qu’il y a plus de séniors en montagne vient du fait que la population jeune ne fréquente que très peu les structures d’hébergements classiques. Les jeunes bivouaquent beaucoup. Ils sont ainsi très discrets et passent souvent inaperçus aux yeux professionnels.

Les étudiants grands adeptes de la marche itinérante

Avec plus de 31,8% d’étudiants, la marche itinérante s’impose comme une activité fortement pratiquée par la « jeunesse étudiante ». Les autres catégories socioprofessionnelles des randonneurs itinérants sont représentées de façon équilibrée et sans surprise.
Nous trouvons ainsi :

• 19,7% de cadre et enseignants,
• 19,7% d’employés,
• 10,61% d’artisans ou profession libérale,
• 10,61% de retraités,
• 7,58% de chômeurs.

D’une à deux semaines d’itinérance pour la majorité

A la question combien de jours êtes-vous parti ? une majorité (45,5%) de randonneurs ont répondu entre 6 et 13 jours. Seulement 7,58% d’entre eux étaient sur une itinérance courte de 3 à 5 jours, 25,76% entre 2 semaines et un mois et 21,21% sur plus d’un mois.

Une notoriété internationale qui n’est plus à démontrer

En 2017 et 2018, on enregistre 55% de Français, 15,6% d’Espagnols, 12% d’Allemands et 17,4% autres (Suisses, d’Europe du Nord et de l’Est) sur les chemins français, avec des proportions inversées entre Français et Espagnols sur les chemins espagnols.

La marche itinérante pyrénéenne intéresse non seulement les Français mais également de très nombreux étrangers. Les Pyrénées ont une notoriété internationale qui n’est plus à démontrer.

Des chiffres mais pas que …

Cristian Barna a non seulement caractérisé le randonneur itinérant pyrénéen type au travers de qualificatifs bien précis mais il a également analysé ses motivations, ses « regards » portés sur le sens de l’itinérance et sur ce magnifique terrain d’évolution qu’est la montagne pyrénéenne.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire le mémoire de Christian Barna auquel j’ai eu le plaisir de collaborer au nom de l’Association des Amis GRdistes.